A peine reparties, nous voila dans l'ascenseur... Et là, l'intensité des contractions est devenue insupportable... impossible de sortir de l'ascenseur... Je vous épargne les portes qui se ferment, s'ouvrent, se referment etc... sans que je puisse faire un pas et sortir ! Finalement, nous nous retrouvons dans la voiture, à refaire le trajet inverse direction notre maison... avec les même *%!§**#! virages, ronds-points, plaques, dos d'âne etc...
A la maison, j'ai juste eu le temps de manger un bout de pain et 3 fourchettes de carottes rapées, et les contractions sont revenues, encore plus violentes qu'avant ! J'ai tout poussé : les murs, l'escalier, j'ai tordu le cou de Lili, ses bras, je m'accrochais à ses épaules... Bref, il fallait retourner à la maternité sans plus attendre... Et hop... à nouveau dans la voiture, à refaire le trajet maison-maternité, avec les mêmes *##!§§**¤¤§#* virages, ronds-points, dos d'âne etc... obligation de s'arreter au milieu de la route à chaque contraction, avec les warning... Heureusement, à 1h30 du mat, les rues sont plutôt désertes !
J'ai pu négocier l'ascenseur, en revanche, en sortant de l'ascenseur, je me suis agrippée à un radiateur, dans le couloir... et impossible de le lâcher ! L'entrée de la maternité était à 12 mètres, je n'ai jamais pu les faire seule ! La sage femme de garde est venue me chercher, avant que je descelle carrément le radiateur du mûr !!
Je voulais tenir et ne pas avoir recours à la péridurale, mais là... j'avoue... je l'ai supplié d'appeler l'anesthésiste de toute urgence ! Me revoilà donc dans la salle d'examen, le col était ouvert entre 3 et 4cm... Beau travail en 1h ! Les contractions ont été efficaces ! (Ceci dit, elles pouvaient l'être, vu leur intensité !!!).
Plus question de faire marche arrière... Les sages-femmes préparent la salle d'accouchement...
J'enfile une blouse... Je tremble comme une feuille en pleine tempête... Je respire, cherche du regard ma Lili, je souffle... Je souffre...
Il fait nuit, le service est plutôt calme. Les sages-femmes m'installent la perfusion, le monitoring pour contrôler mes contractions et le coeur du bébé... Nous entendons son petit coeur battre la chamade. Sait-il que dans quelques heures, il sera là, avec nous, dans nos bras ?
Je m'agrippe au matelas en attendant l'arrivée de l'anesthésiste... autant dire une éternité... Je continue de trembler...
Mon dos est badigeonné, aseptisé... J'entends l'anesthésite (du genre : "C'est pret ? Je n'ai pas qu'ça à faire..." ) me dire : "Bon, vous tremblez un bon coup, mais quand je pique, vous n'avez pas intérêt à bouger, c'est clair ?". Heu... oui oui... Je me concentre, fais le dos rond, et sens à peine son intervention... Pas très sympa, mais efficace... Je ne demandais rien de plus !
Le nombre de cables sur moi augmente considérablement... en plus de la péridurale (scotchée à l'extrême par de gros sparadraps énormes !), me voila avec 3 nouveaux capteurs sur la poitrine...
Comme par enchantement, les contractions disparaissent... du moins la douleur disparait ! Il n'y a plus qu'à attendre... Toutes les heures (tous les moins le quart !), j'ai droit à un contrôle du col...
La nuit est devenue encore plus calme... Nous pensons à l'agitation, dehors, dûe à la fête nationale, ses feux, ses bals... et ici, dans la salle d'accouchement, nous entendons tout juste le CD de mes musiques préférées et essayons de nous reposer, voire de dormir, en attendant la dilatation à 10cm. Les 2 sages-femmes qui s'occupent de moi sont très douces et attentives...
Soudain, je sens une chaleur entre les cuisses... La sage-femme regarde : "Oh ! C'est parfait ! La poche des eaux vient de se rompre toute seule !". Il était entre 4h et 5h. Je me dis que tout se passe à merveille... que notre bébé s'approche doucement... Je pense à ces derniers instants à deux.... J'imagine son regard, son visage, la couleur de ses cheveux...
Malheureusement, les deux sages-femmes qui ont fait tout le plus gros du travail avec nous doivent partir à 8h. Heure de la relève...
A 9h45, ultime contrôle... le col est à 10cm... Une agitation se met doucement en place dans la salle...
"Allez... Vous allez commencer à pousser !".
Je respire à fond, je bloque, je pousse... je respire, je bloque, je pousse...
"Pousseeezzz !!" "Allezzzz ouiiiiii !!! C'est bien ça !!! On y retourne ! Bloquez, poussez vers le bas... on ne s'arrete pas... on bloque, on pousse.... La contraction est passée, on arrête, reprenez vos forces..." Pfffiou..... Lili a posé sa main sur mon ventre pour controler l'arrivée de la prochaine contraction (que je ne sentais plus vraiment à cause de la péridurale)... La sage-femme à mes côtés lui dit : "Je ne sais pas quoi faire du coup ! C'est moi qui d'habitude contrôle les contractions... Les maris en général ne le font pas !" Elles rigolaient toutes les deux... et moi je continuais à bloquer, pousser !!!
Au bout de 30 minutes, le médecin me dit qu'il faut vraiment tout donner sur la prochaine poussée, car on autorise que 30 à 40 minutes avant d'avoir recours à d'autres procédés... Et là, j'ai eu très très peur de partir au bloc opératoire pour finir avec une césarienne... Mais non... finalement, elle sort la ventouse...
A moitié dans les vappes, je réalise difficilement ce qui se passe tout autour de moi, et me concentre sur mes respirations, bloquez, poussez... A chaque contraction, j'ai pourtant l'impression que la tête sort... Eh non ! Monsieur bouge et change de position régulièrement... ce qui n'aide pas à la sortie ! Au lieu de regarder vers le sol, bébé regarde en l'air !
La ventouse est installée, je respire encore une fois, bloque, pousse de toutes mes forces... le médecin tire sur la ventouse, qui lache... elle part en arrière... et enfin bébé sort... Lili coupe le cordon, et je prends mon bébé sous les bras, le tire vers moi et le pose sur ma poitrine... Il est là !!!! Je le vois, je le touche !!! La sage-femme lui installe de suite son bracelet. "Alors, comment il s'appelle ce beau jeune homme ?". Toute émue, la gorge nouée, je murmure : "Lenny. L, E, 2 N, Y".
Ca fait 9 mois que je pleure chaque fois que je vois un accouchement à la TV, et là, tellement submergée d'émotion, je n'ai même pas pu sortir la moindre larme... J'ai fait une chute de tension. Lili est partie avec notre petit garçon, pour les premiers soins... J'ai repris mes esprits... J'ai entendu Lenny crier... il pleure exactement comme je pleurais quand j'étais bébé ! J'ai regardé le ciel bien bleu, à travers la fenêtre... et je me suis dit : "Je suis Maman... Je suis Maman...". Et j'ai pleuré de tout ce bonheur...